Voyageur - Manu Richerd - David Reinhardt - Réalisation Guillaume Girault

J’ai réalisé ce titre en hommage à mon papa, l’instituteur pasteur des enfants manouches, parti auprès de Dieu le 29 août 2014.

Voici quelques mots de son histoire :

Mon papa dans sa jeunesse a longtemps cherché à apaiser sa soif de vie : il y eut le judo, les arts martiaux, certaines philosophies orientales, la voile, la nature, la mer, la plongée… Mon papa était un champion de plongée en apnée. Lorsque nous étions enfants, il nous faisait très peur lorsqu’on le voyait plonger pour rester un temps infini sous l’eau, et qu’on ne savait jamais où et à quel moment il allait réapparaître !

Mais si mon papa pouvait rester longtemps sous l’eau sans respirer, il ne pouvait pas passer toute sa vie sans trouver la vraie respiration. Car plus le temps passait, plus cette soif de vraie vie se faisait brûlante, la vie se faisait incompréhensible, presque insupportable…

Un jour, alors que la vie familiale partait à la dérive et se déchirait inexorablement, mes parents ont reçu dans leur boite aux lettres un petit prospectus qui invitait à "lire la Bible".

Cette invitation a interpellé mon papa qui a peut-être senti là une dernière chance de stopper cette dérive !

Mon papa s'est alors précipité pour lire en urgence, un peu comme un plongeur en apnée sent qu’il est le moment de remonter à la surface pour remplir tout à nouveau ses poumons d’un grand bol d’air frais qui enlèvera toute l'oppression des profondeurs : il a lu ce livre, la Bible, le moyen choisi par Dieu pour parler à l'homme, pour lui montrer la vie pour laquelle l’homme a été créé !

En lisant la Bible il réalisa que l’apaisement de cette soif à trouver un sens à sa vie terrestre ne pouvait se faire que par la réconciliation avec Dieu.

Il réalisa que cette réconciliation avec Dieu ne se trouvait que dans une rencontre avec le Christ, une rencontre où l’on accepte l’amour et le pardon du Christ, cet amour et ce pardon manifesté à la croix de Golgotha où Jésus nous offre le prix de notre réconciliation avec Dieu.

Mon papa a bu à longs traits cette Parole de Dieu, comme une « source de vie, de paix et d’amour » Cette soif, mon papa l’apaisa en lisant et en acceptant pour lui ces paroles de la Bible qu’il m’a demandé de lui relire sur son lit d’hôpital quelques jours avant qu’il nous dise « au revoir » : « Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ »

Et ce verset, fondement de son assurance, verset que mon papa récitait en même temps que je le lui lisais : « Car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur »

Cette Parole de Dieu a coulé dans le cœur de mon papa comme coule un fleuve d'eau vive sur une terre desséchée. Il avait alors 29 ans.

Puis mon papa a réalisé que sa vie devait servir. Servir Dieu et servir les autres afin de mettre en pratique ce commandement donné par le Christ : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Il avait compris que prétendre aimer Dieu sans aimer concrètement son prochain, ça n’était que de la religiosité stérile.

Il est donc parti avec sa famille, son camion, sa caravane et sa Bible pour servir dans la plus grande humilité.

Et quel travail admirable et courageux tout au long de sa vie, un travail que personne d’autre n’avait fait avant lui et que personne d’autre n’a réussi à reprendre après sa retraite, ce travail d’instituteur/pasteur des enfants manouches !

Mon papa aurait pu demander à ce qu’on lui décerne des titres honorifiques, il aurait pu répondre aux différentes invitations mondaines que les politiques lui adressaient, il aurait pu faire de la pub pour qu’on le connaisse et qu’on le reconnaisse, il aurait pu s’autoproclamer apôtre, enseignant, maître, spécialiste… Il a préféré rester dans la discrétion et servir Dieu et son prochain sans tambours ni trompettes, jusqu’au bout ; ça n’était pas pour qu’on le regarde qu’il servait !

Alors cette chanson lui rend hommage et lui dit merci de m’avoir permis de grandir dans ce monde manouche si riche en vraies valeurs, ces valeurs qui manquent tellement à notre monde actuel déséquilibré par ses raisonnements cartésiens et matérialistes.

Cette chanson vous invite aussi à réfléchir à votre chemin de vie de "voyageurs". Y réfléchir parce qu’aujourd’hui le Christ vient encore à votre rencontre comme il est venu à la rencontre de mon papa, à la mienne il y a 10 ans de cela.

Y réfléchir sans crainte et dans la paix : le Christ fait tout à merveille !